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KristeletPierre.over-blog.com

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Retrouvez mon univers littéraire et musical : mes humeurs, mes coups de gueule, des infos sur mes romans (Kristel, Martin). Et de temps en temps, une photo.


Le stress de Kristel

Publié par Régis Pinguet sur 19 Avril 2016, 22:52pm

Catégories : #littérature

Chers toutes et tous, voici un inédit qui ne figure pas dans le roman « Kristel la reine des glaces », un petit plus pour celles et ceux qui l’ont lu, un petit coucou de la part de Pierre.

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Avril 2006.

Ce matin Kristel se réveille en sueur et en stress. Son travail l’accapare, sa vie privée n’est que bagarre. Tout bouillonne en elle, elle veut tout faire en même temps. Les courriers urgents, , la préparation de la venue du Ministre des affaires étrangères Suédois, le recrutement d’un attaché pour combler une démission. Elle s’épuise à travailler 12 ou 15 heures par jour. Quand elle rentre place Monge, elle est morte, son amant fait la gueule. Quand il est là ! Depuis combien de jours ne l’a-t-elle vu ? Touché ? Quand ils font l’amour, il se comporte comme un robot bien programmé. Il sait où la toucher, où la caresser pour que son corps réagisse. Il parle à peine, il est en mission. Et Kristel jouit mécaniquement, sans âme. Tellement frustrant quand le petit soleil disparait, et que l’amant abandonne sa nudité pour aller boire un coup dans la cuisine. En attendant de le virer, Kristel se noie dans le travail, le mouvement, elle se sent vivante le pied au plancher. Pour oublier le vide sous le plancher ? Vivante jusqu’à quand ? Mais vivante c’est aussi l’être pour l’autre, un homme chaleureux qui la serrerait dans ses bras, qui lui montrerait qu’elle existerait autrement qu’en écrivant des rapports et en serrant des mains.

De plus en plus souvent une crise la prend. Kristel la battante a envie de mettre pied à terre. Se relâcher, souffler, s’abandonner. Depuis combien de temps n’a-t-elle pas pris un bain moussant ? Se relâcher provisoirement ou abandonner définitivement ce rythme de dingue ? C’est le risque de mettre un genou à terre. L’autre peut suivre, et la force manquer pour se relever. Et Thomas toujours absent, au bout du monde. Thomas, son ami, toujours en décalage horaire. Encore heureux qu’elle arrive à préserver un jour de temps en temps pour Paul. Elle s’attache de plus en plus au fils de Thomas, un garçon adorable et sensible, dont les yeux parfois la transpercent et la font douter.

Kristel a envie d’une vieille moto, une lente trapanelle pour rouler en humant l’air sans se jeter de virage en virage, la combinaison raclant le bitume, un engin qui sent l’huile chaude et qui fait du bruit, un deux roues qui n’est pas pasteurisé. Plus ancien que sa Laverda Sei, une BSA peut-être.

Ce matin Kristel avale un grand bol de café serré et un double jus d’orange pressé, tant pis pour l’estomac. Il est tôt, la nuit a repris le dessus sur l’aurore en ces premiers jours de ce décalage horaire honni. La radio lui tient lieu de présence, ouï FM et ses animateurs déjantés, qui diffusent actuellement « boulevard of broken dreams » de Green Day, un titre qui lui va bien, le boulevard des rêves brisés. Elle appuie sur l’accélérateur. Ce n’est pas encore aujourd’hui qu’elle ralentira, qu’elle abandonnera. Une larme coule sur sa joue. C’est le café trop chaud, bien sûr ! Kristel a 38 ans, elle ne peut pas freiner maintenant. Elle se croit invincible. Mais quand par hasard elle est lucide, elle reconnait qu’elle n’est pas heureuse. Alors elle tourne la page, vite, toujours vite.

Ce midi elle s’accorde une pause, pour déjeuner avec Pascale. Pascale, le rocher qui résiste à toutes les tempêtes, sa presque jumelle depuis si longtemps. Pascale la New êtes, sa presque jumelle depuis si longtemps. Pascale la New Yorkaise qui fait parfois un saut de puce en Europe, quelques jours entre Paris et Londres.

Kristel sort de la salle de bain, encore humide, ses longs cheveux juste démêlés. Dans quelques minutes, ils foisonneront de boucles. Kristel se sent agressive, donc elle s’habille sobrement : chemisier blanc et costume gris. La seule couleur viendra de sa tignasse rousse flamboyante.

Ce matin encore, elle fonce, elle se jette dans la vie pour ne pas tomber. « Je réfléchirai plus tard ».

Régis, 19/04/2016.

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