Pierre entre doute et bonheur

Bonjour, aujourd’hui je vous propose un nouvel inédit de « Kristel, la reine des glaces ». Cette fois, c’est Pierre qui parle, Pierre entre doute et bonheur.

Début mars 2009.

Depuis quelques jours l’insomnie est devenue la princesse de ses nuits. Pierre se réveille en sursaut au milieu d’un rêve qui tourne au cauchemar. Pourquoi ces angoisses remontent-elles maintenant ? Il a enfin tout pour être heureux : sa fille Lola est avec lui, il a renoué avec Caroline, sa sœur installée en Australie, et en amour il est tombé sur Christelle, la plus douce des femmes. Bien sûr, hors de son cocon, sévit la crise. Sévère. Certains comparent 2009 à 1929, Pierre n’y croit pas. Le système sera rafistolé par ceux qui en ont trop besoin. Personne n’osera faire sauter toutes les grosses banques, pour prendre le pouvoir et refaire un système tout neuf, qui ne soit pas pourri jusqu’à l’os. Une banque peut tomber, oui, pour l’exemple et par vengeance. Pierre n’est pas vraiment dans ce milieu, il est économiste. Spectateur, et non acteur.

Dans ces moments d’insomnie, Kristel le hante, ce bébé qui l’envahit. Alors il a tout prévu. Des feuilles, son stylo-plume préféré, une lumière douce. Il note ce qui lui passe par la tête. Kristel, roman nocturne, elle qui est solaire.

Les premiers jours, il avait essayé de se rendormir en écrivant dans sa tête. Mais quand le réveil sonnait, les meilleures idées avaient disparu, fondu comme neige au soleil. Ce qui sortait de sa plume n’était plus fluide, les mots se heurtaient et les jeux de mots s’étaient envolés. Les feuilles blanches ont fonctionné. Même Christelle s’est servi de ces idées jetées en vrac, quand elle prend les rênes du livre.

Comment a-t-il pu vivre si longtemps sans Christelle ? Sans son soleil ? Bien sûr, il y a la différence d’âge, 14 ans. Il ne risquait pas de la rencontrer à l’adolescence. Alors il a vécu, il a aimé bien ou mal, il a souffert, il a ri, et un soir de novembre elle était là comme une évidence, avec ses yeux marron-clair, sa rousseur insolente et sa folle présence. Ce soir-là, Pierre a compris que plus rien n’aurait d’importance que Christelle. Il est Morgane d’elle.

Il est 5 heures du matin, il lui reste presque deux heures avant le petit déjeuner. Pierre retourne au lit tout doucement, pour ne pas déranger sa douce et rousse moitié endormie. Une chanson trotte dans son esprit, « que serais-je sans toi ? », c’est avec elle que Morphée le fait plonger.

Régis 24/04/2016