L’homme pose sa lettre et se lève. Il est devant la femme, leurs regards se croisent, se fixent. Ils vont parler en même temps, s’arrêtent en riant. Ce rire les décoince un instant. Ils font des mimiques, chacun voulant céder la parole à l’autre, par politesse, par timidité aussi. Ray se lance.
Pam, accepteriez-vous de prendre un verre avec moi ce soir ? Il fait doux, nous pourrions nous installer à une terrasse. Si vous avez un peu de temps…
Oh oui, avec plaisir Ray. Je ne suis pas pressée aujourd’hui.
Elle a répondu avec enthousiasme, ce qui les fait rosir tous les deux Ils se sentent audacieux. Ils quittent le bureau, verrouillant la porte derrière eux, et empruntent l’escalier abrupt qui les mène à la grande avenue. Les yeux fixés sur la silhouette de la jeune femme, Ray rate une marche et manque s’étaler. Il se rattrape de justesse à la rampe, et replace sa mèche blonde comme si de rien n’était. Pam étouffe un gloussement, et descend en se dandinant un peu plus.
Ils sont assis à une petite table, dans une rue calme. Les mots sont venus tout seul, finalement c’était facile. Ray desserre légèrement sa cravate sombre, et s’enhardit.
Que diriez-vous d’aller voir dimanche les voiliers, dans la baie près du phare ?
Pam fait semblant d’hésiter, elle ne veut pas avoir l’air de céder trop vite.
Ah oui, dimanche, c’est une bonne idée. Il fera beau, je crois.
Ils se sourient dans la nuit tiède, leurs mains se frôlent, le roman peut commencer.
Régis, 21/04/2020
Tableau : the long leg, Edward Hopper, 1935.