Cher Chat de rencontre

Tu apparais au détour d’une ruelle, jamais le même. Tant de variété sur quatre pattes, c’est surprenant. Toutes les couleurs, tous les caractères, toutes les humeurs. Dans chaque vieux village visité, nous te cherchons, et presque toujours tu réponds présent.

Des fois tu es froussard. Nous apercevons un brin de moustache, deux oreilles, un bout de queue en étoile filante. Et plus rien, seule ta rémanence flotte dans l’air. D’autres jours, tu es simplement craintif, sur tes gardes. Tu nous observes, sur le qui-vive, une patte en l’air prêt à déguerpir. Je me fige et, en gestes lents, j’essaie de te photographier. Un pas en avant et tu recules. Deux pas et tu fuis.

Lorsque tu es bien luné, tu te laisses approcher. Le cliché a une chance d’être net. Parfois même tu poses, à moins que tu te demandes sans crainte quel est cet intrus dans ton champ de vision. L’objectif ne te rebutes pas, je peux essayer de te cadrer correctement. J’ai ainsi quelques jolis portraits. Il t’arrive d’être familier, de miauler, de venir te frotter à nous, de rechercher la caresse ; plaisir d’une brève rencontre. Une fois que tu as obtenu ce que tu penses être ton dû, tu pars lentement vaquer à tes occupations de chat, la queue en l’air, j’allais écrire « joyeux », mais que savons-nous des sentiments des matous ?

Tu es de toutes les couleurs. Noir qui file sur un muret, roux qui dort sur le toit d’une voiture, gris tigré en quête d’aventure, blanc immaculé ou taché, tricolore au caractère bien trempé, poil long ou court, maigre ou gras comme Raminagrobis.

Chat de hasard, nous te recherchons, nous t’aimons, tu es un rayon de soleil dans un ciel plombé. Et de retour à la maison, nos trois félins reniflent nos vêtements et chaussures, comme pour évaluer nos rencontres. Avant de nous montrer leurs gamelles vides…

Régis, 21/02/2022