C’était avec grand plaisir que j’avais lu l’interview de Simon Liberati dans Rock&Folk, rubrique « mes disques à moi ». Du coup, j’ai acheté son dernier livre, « Performance », prix Renaudot quand même. Quelle déception !
Le thème : un romancier de 71 ans est choisi pour écrire un scénario sur les Rolling Stones période 1967 1969, centré principalement sur Brian Jones. Bonne idée de départ. Mais il ne suffit pas d’aligner des noms ou des prénoms célèbres, Keith, Brian, Mick, Anita, Marianne, pour faire un bon roman passionnant. Beaucoup des anecdotes citées sont connues de ceux qui aiment les Stones, notamment via « Life », le pavé pondu par Keith Richards. L’auteur invente pas mal autour de la réalité, et c’est sans doute là qu’il est le meilleur. Mais le style est lourd, et certaines phrases interminables, et à la limite de l’incompréhensible. Un exemple : « L’appel des morts, quand l’apparition qui aurait la figure de Brian et qui ne serait que l’avatar d’une vision d’elle-même dans le miroir de la salle de bains, essayerait de convaincre de sauter par la fenêtre de l’hôtel qui heureusement ne pouvait pas s’ouvrir ». Ouf, c’est fini, on peut respirer. Et relire…
Le « héros » du roman est un écrivain de 71 ans qui a perdu l’inspiration, une sorte de gros dégueulasse » à la Reiser, alcoolique, drogué, crasseux, incontinent. Il a pour compagne une femme de 20 ans, Esther, fille de son ex-femme. Ex-femme qui se serait donné la mort suite à cette relation, l’auteur n’est pas très clair sur ce point. Vu la manière dont le personnage est décrit, il est difficile de croire à cette liaison.
A un moment, ce livre m’a fait penser à ceux de Philippe Djian période post 37,2 le matin. Mais Djian a un énorme talent, ses histoires tiennent debout, ses personnages bien que bancals, attirent la sympathie. Tandis que le héros de « Performance » est lamentable, et l’écriture lourde, sans charme. Je suis allé au bout car j’aime les Stones et connait un peu leur histoire. C’est ma génération. Mais franchement, il vaut mieux lire « Life », et replonger dans leur discographie, au moins jusqu’à Some Girls.
Régis, 25/01/2023